L’avènement de la voiture autonome soulève un certain nombre de questions intimidantes :

  • Les véhicules sans conducteur rendront-ils le transport par bus désuet?
  • Les options de mobilité seront-elles de plus en plus privatisées à mesure que la technologie sans conducteur sera largement adoptée?
  • Les organismes de transport par bus devraient-ils cesser d’investir dans leurs futures flottes, alors que l’avènement des véhicules sans conducteur est de plus en plus proche ?
  • Qui de la voiture autonome ou du bus représente le meilleur atout pour le futur du transport en ville ?

Les atouts du bus

Alors qu’une grande partie de l’attention des médias est concentrée sur des histoires plus prestigieuses telles que les véhicules autonomes et le lancement du dernier modèle électrique de Tesla, les services de transport par bus continuent d’être des systèmes efficaces et bénéfiques.

Le bus est un moyen de transport qui bénéficie financièrement à la communauté. Chaque euro investi dans le transport en commun génère des retombées économiques d’environ qautre euros et, pour chaque milliard d’euros investis dans le secteur, 50 000 emplois sont créés et soutenus. Selon l’APTA, un investissement de 10 millions d’euros dans le transport par bus génère environ 32 millions d’euros.

Les transports par bus réduisent la pollution de l’air, ce qui constitue un atout de poids dans la lutte contre le changement climatique. En déplaçant les gens de façon plus efficace, le transport en commun produit beaucoup moins de pollution de l’air par passage qu’une voiture ordinaire ayant à son bord que son seul conducteur. Les autobus émettent 20% moins de monoxyde de carbone, 10% d’hydrocarbures et 75% d’oxyde d’azote par passager qu’une automobile à un seul occupant.

En plus de réduire la pollution de l’air, le transport public est également plus économe en carburant, ce qui contribue à une diminution globale de la quantité d’énergie nécessaire au transport. Prendre le bus est plus sûr que de conduire une voiture, non seulement en termes de sécurité des véhicules eux-mêmes, qui sont entretenus beaucoup plus régulièrement qu’une voiture personnelle, mais aussi en termes de conduite, habitudes et formation des opérateurs.

Les transports en commun sont liés à des modes de vie plus sains, car les personnes qui utilisent les transports en commun ont une activité physique trois fois supérieure à celle de ceux qui se déplacent en véhicules personnels.

Le transport public contribue à la santé économique et physique des individus, apporte des avantages financiers aux communautés, fournit des emplois et constitue également un élément clé d’un écosystème commercial sain en augmentant les options de mobilité.

Les atouts des véhicules autonomes

Avec une flotte de voitures autonomes, les citadins peuvent facilement se déplacer, profiter d’un service de porte à porte sans l’inconvénient d’emprunter des itinéraires spécifiques, ou payer des tarifs élevés. À titre de comparaison, le trajet Uber typique à San Francisco coûte environ 7 $, ce qui signifie que prendre un Uber pour aller et revenir du travail coûterait à la personne moyenne environ 14 $ par jour, le mettant hors de portée pour la plupart.

Lorsqu’on utilise une voiture autonome, le besoin d’un conducteur payé est éliminé, ce qui réduit ostensiblement le coût du trajet, surtout si l’on considère le coût global inférieur de l’entretien d’une voiture autonome, la plupart fonctionnant au moins partiellement sur batterie ou à l’électricité. Les véhicules autonomes pourraient entraîner une réduction massive des primes d’assurance pour les propriétaires de voitures.

Ces voitures sont moins susceptibles de provoquer des accidents qu’un véhicule conduit par un être humain. Par conséquent, le coût d’une voiture autonome pourrait être inférieur à celui d’un transport en commun, ce qui inciterait davantage de personnes à utiliser les trajets partagés plutôt que les trains ou les autobus.

Sans la nécessité d’un conducteur, les voitures autonomes pourraient devenir des mini-salles de loisirs. Il y aurait plus d’espace et des divertissements, tels que les écrans vidéo, pourrait être utilisés pour alléger les longs trajets sans souci de distraire le conducteur. Les utilisateurs pourraient voyager pendant la nuit et dormir durant le trajet. Les limites de vitesse pourraient être augmentées pour refléter une conduite plus sûre, réduisant ainsi les temps de parcours.

Le trafic pourrait être coordonné plus facilement dans les zones urbaines afin d’éviter les retards importants en période de pointe. Les temps de trajet peuvent être considérablement réduits. La technologie des senseurs pourrait potentiellement percevoir l’environnement mieux que les sens humains. Les senseurs pourraient permettre de voir plus loin, même dans des conditions de mauvaise visibilité. Ils pourraient aussi détecter des obstacles plus petits et plus subtils.

Le stationnement du véhicule et les manœuvres difficiles seraient moins stressants et n’exigeraient aucune compétence particulière. La voiture autonome pourrait même déposer l’utilisateur et aller se garer toute seule. Les personnes qui ont des difficultés à conduire, telles que les personnes handicapées et les personnes âgées, ainsi que les très jeunes, pourraient faire l’expérience de la liberté du voyage en voiture.

Voitures autonomes VS autobus : une convergence est possible

Alors que de nombreuses prédictions opposent autobus et voiture autonome comme moyen de transport du futur, une troisième voie semble se dessiner à l’horizon. Les voitures autonomes et les bus de transport en commun pourraient converger pour donner naissance à une nouvelle catégorie de véhicules : les bus autonomes.

À la périphérie de Berlin, Michael Barillère-Scholz teste un véhicule sans conducteur ni élégant ni futuriste. La machine est carrée et peinte en blanc. Sa vitesse maximale atteint à peine 32 kilomètres par heure. Le véhicule autonome est une navette pouvant accueillir 12 passagers. M. Barillère-Scholz, qui dirige l’équipe de recherche de la Deutsche Bahn, et son équipe ont testé le véhicule dans un parc durant plusieurs mois.

« Nous voulons montrer que les voitures autonomes ne doivent pas se limiter aux véhicules grand public de luxe. Elles ont également un rôle dans les transports publics », a déclaré M. Barillère-Scholz. « Le marché en Allemagne pour ce type de véhicule est énorme. »

Les projets de voitures sans conducteur ont typiquement été portés par des ténors de la Silicon Valley comme Tesla, Uber et Google, qui ont présenté leur technologie de conduite autonome dans des berlines de luxe et les véhicules sport d’une valeur de 100 000 $ ou plus. A travers l’Europe, les projets de voitures sans conducteur sont plutôt axés sur des véhicules utilitaires autonomes pour le transport en commun.

Les groupes de transport européens et les urbanistes cherchent plutôt à relier ces véhicules sans conducteur aux réseaux de transport en commun existants des métros et des bus. L’objectif est d’offrir, à terme, des services sans conducteur à la demande à ceux qui ne peuvent pas se permettre les dernières offres coûteuses de Tesla et d’autres constructeurs.

Les véhicules autonomes, autant que les bus feront partie du futur du transport en ville. Ces deux moyens de transports disposent d’atouts de poids comme l’efficience énergétique, la réduction de la pollution et la commodité. Nombreux sont les experts qui prédisent que les voitures autonomes pourraient prendre le dessus sur les bus, mais rien n’est joué d’avance. Les autobus ont une carte maîtresse qui pourrait leur éviter d’être phagocytés. Ils pourraient eux aussi devenir tout simplement autonomes et clouer les voitures autonomes au pilori. Déjà, de grandes firmes expérimentent dans leurs laboratoires des modèles qui pourraient faire la différence.