Le concept de crowdfunding existe depuis des siècles, mais la première campagne en ligne réussie a été effectuée en 1997. Un groupe de rock britannique avait financé sa tournée avec l’aide de fans grâce à des dons en ligne. En moins de 20 ans, le crowdfunding a explosé, devenant une industrie de plusieurs milliards d’euros pour les artistes, les cinéastes, les organismes sans but lucratif, les individus et maintenant, les startups. Le rapport de la Banque mondiale estime que les investissements mondiaux par crowdfunding atteindront 93 milliards de dollars d’ici 2025. Dans les lignes qui suivent, sera examinée la façon dont le crowdfunding pourrait évoluer pour atteindre cet objectif.

Apparitions de niches

Bien que les plateformes de crowdfunding aient débuté sous la forme de niches, ArtistShare  a été la première à atteindre ce niveau en 2000. Avec tant d’options de crowdfunding, les plateformes trouveront de la valeur en spécialisant leurs activités et en se créant une audience spécifique. Des créneaux comme les jeux, l’éducation, la musique, les organismes à but non lucratif, les associations de bienfaisance, la recherche et les projets locaux formeront leurs propres plateformes pour mieux servir leurs donateurs et mieux se faire remarquer. « Nous voyons déjà la montée des plateformes niches, et avec elles, des outils d’agrégation, comme Property.com ou des marchés centralisés de liquidités, comme CFX », a déclaré Jordan Fishfeld, PDG de PeerRealty. Nous verrons une hausse de projets de qualité, comme l’immobilier, l’exploration pétrolière, l’exploitation minière et les installations viatiques.

Un plus grand investissement dans les startups

Les plateformes basées sur des récompenses comme Indiegogo et Kickstarter, ont très rapidement attiré l’attention du public. Le crowdfunding basé sur l’équité sera la prochaine grande vague. Les titres III et IV de la loi JOBS ont permis aux investisseurs moins nantis d’acheter facilement des parts dans les startups qui les intéressent. De tels investissements étaient autrefois réservés aux riches. En raison de ces nouvelles réglementations, les startups cherchent à attirer les personnes qui veulent soutenir leurs sociétés en tant qu’investisseurs. Le crowdfunding offre aux entreprises une option supplémentaire pour mobiliser des capitaux, des fonds différents du capital risque ou des business angels. Le pouvoir d’investir et de décider sera entre les mains d’une toute nouvelle classe d’investisseurs. L’une des toutes premières plateformes à se lancer fut iConsumer. Son fondateur, Robert Grosshandler, a affirmé que ce mode de financement lui a donné l’occasion d’inclure tous ses clients en tant qu’actionnaires.

Éducation des investisseurs

Ces changements dans les règles d’investissement conduiront à un besoin accru d’éduquer les participants. Les plateformes de crowdfunding, les leaders d’opinions et les startups à la recherche d’investissements devront éduquer cette nouvelle classe d’investisseurs sur l’équité, la collecte de fonds, l’investissement et les tendances en crowdfunding afin de bénéficier de fonds. Des sites comme Actionholder Academy ont même été conçus pour répondre à ce besoin urgent. Le succès de l’éducation des investisseurs permettra au crowdfunding d’atteindre sa maturité.

Développement de nouvelles technologies

Avec tant de projets qui cherchent du financement et tant d’investisseurs qui cherchent des projets, il est essentiel que les porteurs de projets se rendent devant les bonnes personnes. De nombreuses plateformes développent un ciblage axé sur les données dans leur système afin de mieux répondre aux besoins de ceux qui portent les projets. De plus, certains sites proposent des options de recherche d’influence pour localiser des utilisateurs qui pourront en attirer d’autres. Les entreprises de marketing s’intéressent également au potentiel du crowdfunding. Désormais, toutes les entreprises de marketing numérique aident les internautes à utiliser efficacement le crowdfunding en favorisant les campagnes, en ciblant les bailleurs de fonds et en assurant la couverture médiatique du projet. Le crowdfunding ne remplacera pas les formes traditionnelles de financement dans un proche avenir, a déclaré Daniel Pianko, Managing Partner chez University Ventures, un fonds d’investissement qui détient environ 300 millions de dollars. Mais à l’avenir, les entrepreneurs devront déterminer s’il faut se tourner vers le crowdfunding ou vers un financement conventionnel.

Implication de plus en plus grande des grosses firmes

A sa naissance, le crowdfunding portait sur la collecte d’argent pour des albums de musique et des projets personnels. Cependant, au cours des dernières années, nous avons vu les entrepreneurs valider et financer leurs prototypes pour mettre leurs idées sur le marché. Par exemple, la campagne Pebble E-Paper Watch de Kickstarter a été l’une des plus réussies de son genre, ce qui a permis de recueillir 10.266.845 $. Maintenant, les grandes entreprises cherchent à exploiter le crowdfunding pour leurs propres projets. Récemment, la BBC a rapporté qu’Indiegogo envisageait d’ouvrir sa plate-forme aux grandes entreprises, l’objectif étant d’aider ces entreprises à analyser leurs idées de projet tout en incitant leurs clients à les financer. Cela pourrait déboucher sur une nouvelle ère où la recherche de marché sera validée par le public, à travers à travers des précommandes.

Vers plus de formalisation

En mai 2016, American International Group (AIG) a annoncé le lancement d’une assurance pour aider à protéger les plateformes de crowdfunding. Leader mondial de l’industrie des assurances, AIG ne vendait jusqu’ici des couvertures qu’aux plateformes de financement, qui avaient des profils bien déterminés. Sa volonté de couvrir les plateformes de crowdfunding marque donc un véritable tournant. Si le projet de AIG réussit, nous assisteront probablement à l’entrée sur le marché de plus d’assureurs, ce qui conduira à l’apparition de projets de collecte de fonds de plus grande envergure. Au fil du temps, de plus en plus de réglementations vont peu à peu transformer ce secteur, permettant peut-être l’émergence de services à la carte qui permettent aux plateformes de choisir la couverture qui a le plus de sens pour les petits investisseurs.

Lancée à pleine vitesse depuis quelques années, le crowdfunding est sans nul doute l’avenir du financement. Autrefois uniquement utilisée par les entrepreneurs individuels et les startups, cette forme de financement s’étendra sans aucun doute aux grosses firmes, grâce à un processus de formalisation qui ne cessera de progresser. On assistera sans aucun doute à la chute des taux d’intérêts, car désormais presque tout le monde pourra investir dans le projet et l’entreprise de son choix.