Si vous avez déjà partagé un Uber avec un inconnu ivre, vous savez qu’il peut s’agir d’une expérience bruyante, fatigante et brutale. Pour l’instant, il n’y a pas grand-chose que les chauffeurs (et les covoitureurs) peuvent faire pour éviter ce genre de personnes, mais l’intelligence artificielle pourrait y remédier.

Une intelligence artificielle au service d’Uber

Selon une demande de brevet repérée par CNN, Uber a élaboré un système d’intelligence artificielle qui détecte le comportement d’un utilisateur ivre pour s’y préparer avant qu’il ne s’installe sur la banquette arrière. Le système, décrit par les membres de l’équipe Trust & Safety d’Uber en 2016 et publié hier, suit l’utilisation typique de l’application d’Uber : à quelle vitesse ils tapent (et avec combien de fautes de frappe), avec quelle précision ils cliquent sur les boutons, leur vitesse de marche, et la façon dont leur téléphone est habituellement tenu ou est tombé.

Quelqu’un qui demande une voiture pour rentrer chez lui après avoir visité les bars risque d’avoir du mal à taper son adresse ou à marcher vite. De tels facteurs sont intégrés à l’algorithme prévu par Uber, ainsi que des détails sur le moment et l’endroit où le trajet a été demandé. Un appel Uber tard dans la nuit ou un appel provenant d’une zone remplie de bars, alerterait le système sur la sobriété d’un usager différemment d’un appel de jour provenant d’une zone calme.

Selon la demande de brevet, le degré d’ivresse ou de désordre que l’IA estime est ce qui détermine à quoi va ressembler son trajet. Un chauffeur choisi pour prendre un passager particulièrement pompette peut recevoir une notification sur son téléphone à l’avance, ou il pourrait se voir dire de rencontrer le passager à l’endroit désigné un peu plus tard pour donner à la personne plus de temps pour se rendre à la voiture avant le départ. Selon le niveau de sobriété (ou l’absence de sobriété), un passager peut n’être associé qu’à des chauffeurs formés ou expérimentés dans la conduite de personnes dans cet état, ou le passager peut se voir refuser la course.

Le confort des usagers au centre des préoccupations

L’idée d’Uber, telle qu’elle est écrite, parvient à rendre certaines courses nocturnes un peu moins gênantes sans exclure complètement les passagers ivres du service. Pourtant, il est facile de comprendre pourquoi un chauffeur avec une voiture neuve et brillante pourrait réfléchir à deux fois avant de prendre un passager qu’il sait être ivre. Si ces passagers ne sont pas autorisés à prendre un Uber, ils pourraient être amenés à conduire ou à utiliser d’autres moyens de transport qui peuvent être dangereux sous l’influence de l’alcool.

Une autre possibilité inquiétante vient des chauffeurs qui n’utiliseraient pas cet indicateur comme un moyen de dissuasion mais pour en tirer profit. Au cours des quatre dernières années, il y a eu plus de 100 cas d’agression et d’abus de la part de chauffeurs Uber. Selon les documents judiciaires obtenus par CNN, les victimes étaient soit fortement en état d’ébriété, sinon complètement évanouies, pendant l’agression. Cette fonctionnalité de l’IA prévue par Uber pourrait, en théorie, permettre aux chauffeurs de trouver facilement des passagers ivres.

Uber a refusé de commenter sur ces points, mais il est important de noter que ce produit n’en est qu’à ses débuts ; ce n’est qu’une demande de brevet. Les questions décrites ici peuvent être traitées d’une manière plus réfléchie avant que ce projet ne surgisse dans les téléphones de tout le monde, si jamais cela se produit. D’ici là, les innombrables covoitureurs qui prennent Uber devront tolérer l’ivresse, le karaoké impromptu sur la banquette arrière de leur voiture, et peut-être même se faire vomir dessus.