Les premiers standards sont sortis et la frénésie de la 5G commence. La France n’est pas en reste, car l’Arcep, le régulateur français des télécommunications, fait des pas lents mais constants vers la prochaine génération de mobiles. L’Arcep a annoncé qu’il allait libérer des autorisations temporaires de fréquences pour développer des projets pilotes 5G à Bordeaux et dans d’autres villes de l’Hexagone.

Une approche concertée

Le régulateur français a tiré les conclusions de sa consultation publique sur l’utilisation de nouvelles fréquences sans fil pour la 5G, l’IoT, l’accès hertzien fixe et la radio privée dans le pays, initiée en janvier. L’objectif était d’identifier et de caractériser les exigences d’accès aux fréquences des parties prenantes pour différents cas d’utilisation. Il a indiqué avoir reçu des commentaires de 66 parties prenantes, y compris des autorités locales, des opérateurs, des fournisseurs d’équipements, des associations commerciales et des vendeurs.

À la lumière de ces réponses, l’Arcep souhaite lancer cette année des attributions de fréquences dans les bandes 3.5GHz (3.400-3.800MHz) et 2.6GHz TDD (2.570-2.620MHz) pour répondre aux besoins urgents d’accès Internet fixe et de services de téléphonie mobile professionnels. . L’Arcep veut également commencer à préparer le lancement des réseaux mobiles 5G dans la même bande 3.5GHz.

L’Arcep a l’intention d’utiliser une partie des fréquences de la bande 3,5 GHz pour mettre à niveau les réseaux locaux sans fil, mais mettra la grande majorité de la bande 3,4-3,8 GHz à la disposition de tous les acteurs du marché en vue des déploiements 5G. La bande de 40MHz sera consacré à l’accès mobile fixe, à l’extrémité inférieure de la bande, avec éventuellement 10MHz supplémentaires en fonction de la demande.

Les licences de bande ultra-rapides 3 400-3 600 MHz seront regroupées sous la forme de blocs contigus vers le bas de la bande. Cette configuration devrait permettre de disposer de plus de 300 MHz de spectre contigu pour la 5G d’ici à 2020 et de 340 MHz d’ici 2026.

Des essais en cours

La 5G est prévue pour être déployée de façon effective en 2019, mais l’Arcep permet des essais en 5G tout de suite, sans avoir besoin d’attendre que la réallocation du spectre soit achevée. Une sous-bande de 80 MHz (3600-3680 MHz) a été réservée aux essais, bien que l’Arcep ne les autorise que dans un nombre limité d’endroits (six villes identifiées aujourd’hui, mais d’autres endroits pourraient être négociés). Sur la base de ces essais, l’Arcep pourrait alors commencer à préparer la procédure d’allocation de fréquences qui permettrait le lancement des services 5G en France.

Dans la bande 3400-3800 MHz, les fréquences sont déjà disponibles dans les agglomérations de Lyon, Bordeaux, Nantes, Le Havre, Saint-Étienne, Douai, Montpellier et Grenoble, indique l’Arcep sur son site internet. Cette liste n’est pas exhaustive et peut évoluer au fil du temps. Les parties intéressées ont été invitées à contacter l’Arcep si elles envisagent de déployer des réseaux dans d’autres gammes de fréquences ou dans d’autres zones géographiques.

Une approche prudente

Cela semble être une approche très calme et raisonnée du tsunami mobile. Alors que d’autres nations prêchent sur les gloires de la 5G, criant et hurlant comment leurs efforts en feront les nations les plus puissantes du monde, l’approche française semble être beaucoup plus réfléchie et humble.

L’objectif ici semble être de comprendre ce qu’est réellement la 5G. Oui, c’est plus rapide, plus puissant et plus fiable, mais ce à quoi cela ressemble vraiment dans le monde réel reste en grande partie un mystère. Le nombre d’utilisations concrètes, qui seront applicables au cours des deux prochaines années, est au mieux fragile.

L’approche française consiste à trouver un cas d’utilisation pratique avant le déploiement. L’internet des objets (IoT) semble être le domaine qui sera le plus pertinent. Mis à part les vitesses record dont on ne pourra pas tirer profit sans la disponibilité d’appareils prêts pour la 5G, le travail de fond de l’IoT aura la priorité. Cela s’avérera finalement utile pour le consommateur, mais pas dans le mode blockbuster que certains espéraient.

Les opérateurs déjà lancés dans la course

Les opérateurs télécoms Orange, SFR Group, Bouygues Telecom et Iliad ont acheté des licences onéreuses pour devenir les premiers utilisateurs de fréquences à transporter des services voix et données sur la 5G en France.

Le groupe français de télécommunications Orange a annoncé son intention de réaliser de nouveaux essais 5G sur son périmètre européen afin de préparer le futur lancement commercial des services 5G. Orange a souligné que la stratégie 5G du groupe repose sur trois composantes: l’amélioration du haut débit mobile, l’accès haut débit fixe et de nouvelles applications pour accompagner la transformation numérique des entreprises. D’ici 2020, les tests liés à ces trois domaines prépareront l’arrivée de la 5G tant pour les clients grand public que pour les clients professionnels.

L’IoT : la grande gagnante

La 5G est considérée comme un moteur potentiel pour la croissance des véhicules autonomes, qui dépendent des capteurs connectés pour circuler.

Elle pourrait également stimuler l’Internet des objets (IoT), qui décrit un large éventail d’objets connectés à Internet et qui peuvent collecter et échanger des données pour effectuer des tâches telles que le contrôle du chauffage à domicile, la gestion de la maintenance dans les usines ou surveiller la consommation d’énergie.

Dans le cadre de son plan d’action 2016, l’Union européenne veut déployer la 5G sur toutes les zones urbaines et les principales routes terrestres d’ici 2025. Mais les analystes disent que l’UE est en retard sur les Etats-Unis et les pays asiatiques comme le Japon, Singapour et la Corée du Sud sur la 5G en raison d’une réglementation stricte et d’un manque d’investissement.

La 5G va vraiment révolutionner les usages. Elle permettra une bande passante mobile jusqu’à 10 fois plus rapide que la 4G, un accès fixe à très haut débit et rendra possibles de nouveaux services.